Home Sweet Home

26 octobre 2018
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Entre plaine et montagne, patrimoine ancré et modernité, le Valais compose avec un éventail de constructions aux âges et surtout aux styles les plus divers. Mais qu’en est-il des intérieurs ? Comment s’y retrouver parmi les tendances actuelles et comment faire les bons choix pour une déco en symbiose avec le type d’habitation que l’on possède ? Sophie Dussex et Tina Gaillard nous éclairent.

Sophie Dussex et Tina Gaillard sont des architectes d’intérieur passionnées, deux valaisannes toujours très inspirées et jamais à court d’idées. Leur travail ? permettre à leurs clients d’habiter dans le lieu de leurs rêves, un lieu qui leur ressemble, mais qui ne ressemble à aucun autre.

Tout d’abord, comment s’y retrouver et quelles sont les tendances actuelles ?

SD : Aujourd’hui, les gens cherchent un équilibre entre quelque chose d’esthétique et facile d’entretien, ils aiment les espaces épurés, frais et clairs. Ils ont souvent peur du manque de lumière. Il y a aussi un grand retour du mobilier vintage, inspiré des années 50, 60 et 70, sans être forcément de designer. L’architecture d’intérieur étant liée à la mode, on note aussi la tendance du velours, des couleurs poudrées, du moutarde, ou encore du mouvement haussmannien qui prend beaucoup d’ampleur. En déco, on peut voir des tourne-disques, de vieilles radios, finalement toutes ces choses qui représentent une période où les objets avaient une certaine valeur. Ce genre de mobilier se trouve en version industrielle, sinon il faut chiner.

TG : La tendance actuelle est au hippie chic surtout au niveau des tissus. Le naturel, avec des matières comme le lin, rencontre aussi un franc succès. Côté vintage, les 70s (voire même jusqu’aux années 30) reviennent effectivement en force, avec beaucoup de rééditions de mobilier et de lampes, associés aujourd’hui à de nouvelles matières. Bien entendu, il y a aussi des intemporels qui restent toujours tendance, comme le Corbusier et bien d’autres, qui sont des lignes que l’on continue à suivre, tout comme cela se fait en peinture. Concernant les espaces, on les aime vastes, avec de grandes ouvertures pour maximiser la luminosité. La tendance est aussi de jouer avec les contrastes de matières et de tons, entre le très sombre et le très clair. Il ne faut pas oublier les avancées technologiques, qui  modifient aussi l’architecture d’intérieur, intégrée dans les espaces, les matières ou les éclairages. Pour résumer, on peut dire que s’il y a une direction, il n’y a jamais un seul cliché.

Comment fonctionne votre travail ? Etes-vous amenées à travailler autant sur de nouvelles constructions que sur des rénovations ou même des « relookings » ?

TG : L’architecture d’intérieur, c’est la création de n’importe quel espace dans une « enveloppe » donnée. On commence par travailler sur les plans d’abord, puis il y a une véritable collaboration avec les autres corps de métier, notamment avec l’ingénieur, le bureau technique et bien souvent avec l’architecte. Les projets sur lesquels je suis amenée à travailler sont extrêmement variés, allant de la confection d’une boutique à un aéroport, en passant par une banque. En fait, tout est possible, tant qu’il y a un lieu existant. Pour ce faire, il faut écouter le client, comprendre ses envies et éviter les erreurs, en mettant ensemble des idées qui plaisent pour en faire quelque chose de cohérent. L’architecte d’intérieur est un guide et un fil conducteur du client pour l’amener où il veut aller, mais aussi où il n’ose pas aller tout seul, pour qu’il se sente bien chez lui en ayant ce que les autres n’ont pas.

SD : Mon travail est très diversifié allant du coaching de personnes qui ont leur maison et ne savent pas comment faire pour la meubler, à l’accompagnement de nouveaux propriétaires. Le but étant de leur donner un fil rouge. Cela peut être pour une nouvelle maison, le rattrapage d’un travail précédent, pour des promoteurs qui veulent quelque chose de différent des autres ou encore pour aider à la vente d’un bien. C’est un métier qui demande de la flexibilité. Comprendre la personne, comprendre la famille, c’est déjà la première étape. Il faut ensuite saisir ce que l’endroit « veut », car il a une âme et quelque chose à raconter. Il s’agit en fait d’un discours entre l’intérieur et l’extérieur. Il faut adapter les matériaux et la déco aux habitants et au lieu, pour que tout soit cohérent. J’essaie de traduire l’ensemble avec des photos, de beaucoup observer ce que les personnes disent et font, en demandant parfois même d’aller dans leur ancien appartement, tout ceci dans le but d’amener une âme à un lieu. Finalement, il y a beaucoup de psychologie,

Le métier d’architecte d’intérieur est très varié et le Valais l’est aussi, notamment au niveau de ses constructions, entre les chalets de montagne, les anciennes bâtisses, les nouvelles constructions modernes… Vous devez composer avec cela pour choisir les intérieurs ?

SD : En Valais, il y a beaucoup de choses à faire. C’est un univers de tous les possibles, car ça n’est pas encore saturé comme dans beaucoup de villes de Suisse. Les projets ne sont jamais les mêmes, le tout est de savoir dialoguer avec l’environnement extérieur. L’utilisation du bois dans un chalet est un parfait exemple de ce dialogue avec la nature, dans ce cas précis. Une autre spécificité du Valais est que nous avons beaucoup d’objets qui nous sont transmis. Je conseille donc souvent d’amener des meubles de famille, de prendre quelque chose d’ancien afin de le mélanger avec du « moderne ». Tout cela va donner naissance à un univers qui parle, un équilibre.

TG : Le valaisan a ce caractère propre où il est malgré tout très ouvert. Amenés à partir de chez eux pour étudier notamment, les valaisans bougent. Il y a une véritable curiosité, un brassage avec l’arrivée d’étrangers, qui fait que le Valais n’est pas à la traine en architecture. On remarque cela avec l’architecture de montagne qui a vécu une grosse évolution. Les matériaux nobles, en rapport à la montagne sont incontournables, mais ils sont aujourd’hui mis en scène de manière contemporaine, influencés notamment par une architecture du nord. Tous les espaces ne sont d’ailleurs pas traités de la même façon. Le lieu, selon son exposition, sa lumière ou sa forme va orienter vers certains choix. Il faut aussi comprendre le fonctionnement de ce lieu pour avoir une base de départ qui permettra de créer. Effectivement, on travaille d’abord les lieux selon leur fonction, l’habillage vient ensuite. Cela est valable pour absolument tous les espaces.

Pour terminer, que conseilleriez-vous pour faire les bons choix et quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?

SD : Le premier conseil que je peux donner est de ne jamais acheter trop de mobilier avant d’emménager. Il vaut mieux d’abord faire avec le minimum et prendre la température de l’appartement. Souvent dès la réception des plans, on s’imagine déjà l’ensemble, mais tout n’a pas été calculé. On se retrouve par exemple avec des choses disproportionnées. Emménagez d’abord et commencez avec peu, pour ensuite avoir des choses de qualité. Less is more !

TG : Il ne faut pas prendre toutes les revues de déco et mettre ensemble tout ce que l’on aime sans ligne de conduite. Il faut trouver entre ce que l’on aime, quelque chose qui relie ses choix pour avoir un fil conducteur qui permettra de donner une harmonie. Le lieu de vie doit ressembler à la personne. C’est ce décalage entre les gens et leur maison qui fait que « quelque chose ne va pas ». On est submergé d’images et d’infos alors inspirez-vous des tendances mais gardez votre propre personnalité.

Les architectes d’intérieur ayant collaboré à notre article :

  • Sophie Dussex –  https://sophiedussex.ch/
  • Tina Gaillard – tina.gaillard@bruchez-gaillard.ch

Photographe :

  • Veronica Elena Photographie
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